Comme chaque début d'année, AgileBuyer et le Conseil National des Achats (CNA) publient les conclusions de leur étude « Tendances et Priorités des Départements Achats en 2025 ». Cette 16e édition semble marquée par un ensemble de risques auxquels les services Achats vont devoir se confronter : défaillances fournisseurs, cyber-attaques, ententes illicites entre fournisseurs, déflation, etc.
L'enquête a recueilli près de 900 réponses, obtenues grâce à un questionnaire en ligne adressé en novembre 2024. Une large majorité des répondants sont identifiés comme Directeur ou Responsable Achats. Les acheteurs représentent quant à eux plus d'un quart des sondés.
Alors, à quoi faut-il s'attendre en 2025 au niveau des relations fournisseurs et des problématiques Achats ? Que faut-il retenir de cette étude ?
L'étude met en évidence que 65 % des directions achats considèrent le risque de défaillance des fournisseurs comme un enjeu crucial en 2025, suivi par le risque de cyber-attaques (42 %) et le manque de ressources (40 %).
Le rapport explique :
"Début 2024, la Banque de France dévoilait que près de 55 500 entreprises avaient fait défaut en 2023. En novembre de la même année, le nombre avait déjà frôlé les 65 000 entreprises françaises en défaillance sur les 12 derniers mois, soit le niveau le plus élevé depuis 15 ans."
Au niveau international la situation est similaire avec une augmentation de 11% du nombre de défaillances sur l'année 2024.
En réponse à ces risques, 69 % des directions achats comptent utiliser des stratégies comme le double sourcing, des contrats à long terme, la sécurisation des approvisionnements et l'accompagnement des fournisseurs pour limiter l'impact des crises.
Un autre risque fournisseur majeur présenté dans l'étude est l'entente illicite entre fournisseurs d'une même famille d'achats. Cette pratique provoque inévitablement l'augmentation des prix et de la concurrence déloyale. Aujourd'hui, 60% des répondants affirment faire face à ce genre de situations de cartel. Cependant, il est difficile de les identifier et donc de les maîtriser.
Pour 77% des répondants, la réduction des coûts est l'objectif principal de leur stratégie 2025. Ce chiffre est cependant à nuancer étant donné la différence entre le secteur public (52%) et le secteur privé (87%).
Après plusieurs années caractérisées par des hausses de prix importantes et parfois injustifiées, la tendance s'inverse aujourd'hui et rééquilibre légèrement le rapport de force en faveur des acheteurs. En effet, dans ce contexte de début de déflation, 67% des départements Achats affirment renégocier certains contrats avec leurs fournisseurs.
Cependant, conscients des objectifs en termes de RSE et d'Achats Responsables de leurs clients, les fournisseurs semblent invoquer ce levier-là pour justifier des hausses de coûts. C'est en tout cas le ressenti de 57% des Directions Achats qui ont pris part à l'enquête.
« Relever les enjeux RSE exigera la mise en place d’intelligence collective entre fournisseurs, c’est-à-dire pour les Directions Achats le passage du Supplier Relationship Management vers le Supplier Ecosystem Management. »
Dominique Lebigot, CPO de Moët Hennessy
Alors qu'en 2024 ils étaient 25% à utiliser l'Intelligence artificielle, 40% des Directions Achats affirment l'avoir intégrée aujourd'hui à leur quotidien. Comme on pouvait s'y attendre, c'est principalement dans le secteur de l'informatique et des télécommunications que les départements achats utilisent l'IA au quotidien (59%), suivis de l'industrie lourde (56%) et du secteur de la mode et du luxe (55%).
Cependant, le développement de l'IA participe à la montée en puissance d'un autre risque majeur : les cyberattaques, qui deviennent de plus en plus abouties et sophistiquées. En 2024, 86 % des entreprises françaises ont été victimes de cyberattaques de type rançongiciel, un chiffre bien plus élevé qu'en 2023. Le coût des cyber-attaques s'élève à 122 milliards d'euros en 2024, contre 4,8 milliards en 2016.
« Quelle que soit l’entreprise, Les cyber-attaques sont dorénavant plus qu’un risque mais une réalité, la fonction achat doit faire preuve d’agilité et de compétences pour répondre aux enjeux toujours plus prégnants de la cybersécurité ! »
Corine Loreaux, Directrice Achats de la Société des Grands Projets (ex-Société du Grand Paris)
Les situations géopolitiques, économiques et les évolutions technologiques ne cessent d'apporter de nouveaux défis aux départements Achats qui doivent constamment s'adapter et anticiper les nouveaux risques. Dans ce contexte, ils doivent veiller à leurs relations fournisseurs pour lesquelles la prudence est de mise. En effet, la défaillance d'un fournisseur clé entraine un gros risque pour la survie de ses clients et l’effet boule de neige est à éviter à tout prix.
"Évoluant dans un environnement en mouvement constant, les Directions Achats continuent de redoubler d’efforts pour adapter leurs pratiques. L’objectif principal est assez clairement identifié et largement partagé : minimiser l’impact des différents aléas sur leurs chaînes d’approvisionnements tout en saisissant les bonnes opportunités pour adapter efficacement les relations avec les fournisseurs."
Olivier Wajnsztok, Directeur Associé d'AgileBuyer
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